Liens du mois (octobre 2022-janvier 2023)
- SABATIER, Gérard. Louis XIV et Rome In : Les Rome nouvelles de l’époque moderne [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2022 (généré le 18 octobre 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pur/184834>. ISBN : 9782753587571. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pur.184834.
- Pierre Pasquier, « La réalisation technique des scènes d’exécution capitale sur la scène française du xviie siècle », Arrêt sur scène / Scene Focus [En ligne], 9 | 2020, mis en ligne le 01 novembre 2020, consulté le 16 décembre 2022. URL : http://journals.openedition.org/asf/933 ; DOI : https://doi.org/10.4000/asf.933
- A. Lafore, Versailles redéploie ses sculptures dans le château, La Tribune de l’Art (10 janvier 2023)
- Joana Casenave, « La fonction de l’éditeur-auteur dans les éditions critiques numériques », Humanités numériques [En ligne], 6 | 2022, mis en ligne le 01 décembre 2022, consulté le 15 janvier 2023. DOI : https://doi.org/10.4000/revuehn.3241
- A. Lafore, Chefs-d’œuvre de la chambre du Roi, La Tribune de l’Art (19 janvier 2023)
Liens du mois (septembre 2022)
- Une mise à jour au sujet du dessin Cat. 18
- La douleur de l’autre. XVIe-XVIIe siècles = Histoire, médecine et santé 21 (2022)
- H. Huang, Uncovering the genetic basis of mental illness requires data and tools that aren’t just based on white people – this international team is collecting DNA samples around the globe, The Conversation (12 septembre 2022)
- Giordana Charuty, c.r. de « Baptiste Brun, Jean Dubuffet et la besogne de l’art brut : critique du primitivisme », Gradhiva [En ligne], 34 (2022), mis en ligne le 21 septembre 2022. URL : http://journals.openedition.org/gradhiva/6683
- Paul BERNARD-NOURAUD, « L’Édit de Nantes et sa révocation », Histoire par l’image [en ligne], consulté le 08/10/2022. URL : histoire-image.org/etudes/edit-nantes-sa-revocation
Liens du mois (juillet et août 2022)
- Matthieu Somon, c.r. de Knowles, Marika Takanishi: Realism and Role-Play: The Human Figure in French Art from Callot to the Brothers Le Nain (2020), Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700) (28 juillet 2022)
- N. Finlay, An archaeology of dementia, Antiquity 96(386) (2022), p. 422-435. doi:10.15184/aqy.2021.186 (Merci C. Morgan, Archaeology and Dementia, 24 avril 2022)
Deux questions après la visite de l’exposition Kiyoshi Yamashita

(Vidéo officielle de présentation de l’exposition, donnant un bon aperçu de son contenu)
Maki Kaneko a récemment écrit quelques pages très intéressantes sur cet aspect lisse de l’œuvre de Yamashita et sa réception4. Yamashita était évidemment incapable de gérer lui-même sa carrière et sa réputation. C’est Ryūzaburō Shikiba (1898-1965) qui s’est occupé de lui après la seconde guerre mondiale et qui a construit sa personne publique et sa gloire : Yamashita fait parfois la couverture des journaux, plusieurs films et feuilletons télévisés ont été tournés en se basant sur sa vie, des expositions monstres ont parcouru le Japon de son vivant. Shikiba était psychiatre, et il s’était intéressé aux rapports entre art et folie, en particulier à la personnalité de Vincent Van Gogh. Pendant la guerre, il en était venu aussi à étudier l’artisanat populaire et à mettre en avant la “pureté”, l’ “innocence” , la “bonne santé” de ses créateurs anonymes, tous traits personnifiés également, selon lui, par Kiyoshi Yamashita. Shikiba va donc mettre en avant l’innocence de son protégé, sa pureté qu’il explique par son état permanent de grand enfant, dénué de sexualité. C’est ainsi qu’il explique que Yamashita ne se soucie pas de son apparence publique et n’éprouve aucune gêne à se déshabiller en public; il n’y voit aucune malice: quand il fait chaud, il se dénude comme peuvent le faire de jeunes enfants. Le mot nu est associé à Yamashita, par exemple dans son surnom de “Général nu” (裸の大将: hadaka no taishou), qui va servir de titre au film, dirigé par Hiromichi Horikawa, qui lui est consacré en 1958. Certains artistes ou critiques d’art vont reprocher à Shikiba cette caractérisation et lui enjoindre d’arrêter d’exhiber son patient, vont essayer de se distancier de cette façon japonaise “conservatrice” d’insister sur le côté primitif et naïf des œuvres de malades mentaux, en opposition à l’image d’avant-garde, de rejet des conventions mise en avant en Europe. On voit donc que le côté lisse de l’œuvre de Yamashita qui m’avait intrigué lors de ma visite était voulu et encouragé par son chaperon. Cela pourrait-il avoir eu pour conséquence que Shikiba aurait caché, voire détruit, des dessins de Yamashita qui ne convenaient pas à l’image qu’il avait construite5 ? Ou l’état mental de celui-ci était-il vraiment tel qu’il était dépourvu de toute pulsion ? Je suis évidemment incapable de répondre à cette question, mais, sans malice, elle me semble légitime. En outre, elle conduit à ma deuxième interrogation. Sur les 150 pièces environ exposées, seule une dizaine proviennent de collections privées (個人蔵). Toutes les autres, en particulier les œuvres les plus célèbres ou remarquables, appartiennent à la Société de gestion des œuvres de Kiyoshi Yamashita (山下清作品管理事務所)6 . Cela renforce l’impression de grand contrôle sur son œuvre, que j’ai évoquée ci-dessus, et donne l’impression que Kiyoshi Yamashita ne vendait pas beaucoup d’œuvres. Comment donc était-il rétribué pour son travail ? Comment a-t-il pu payer son voyage en Europe au début des années 60 quand il était si cher de sortir du Japon en avion ? Plusieurs sources de revenus sont envisageables : les expositions qui attiraient les foules et leurs revenus dérivés (on parle de 800.000 visiteurs pour une exposition au grand-magasin Daimaru de Tokyo en 1956), les droits d’auteur de ses livres, une certaine rémunération pour l’exploitation de son image dans les films et les feuilletons télévisés. Kiyoshi Yamashita était-il lui-même conscient de la valeur monétaire de sa production ? On en revient ainsi à Focus dont la survie de l’œuvre a dépendu de la volonté d’une personne ou de personnes qui nous restent inconnues, dont on ne connaît pas la motivation, mais qui ont dû passer par une certaine censure et des destructions pour rendre le volume des dessins de Focus supportable à leurs contemporains. Sont-ce les mêmes personnes qui ont payé les frais de son séjour aux Petites Maisons ?- J’ignore la raison de cet accueil, Yamashita n’étant lié ni à la mode, ni à Kobe. En septembre, l’exposition sera accueillie par le Musée municipal des Beaux-Arts de Fukui. On peut voir la liste des musées qui l’hébergent jusqu’en 2024 ici. [↩]
- O. R. Lindsley, “Can deficiency produce specific superiority-the challenge of the idiot savant”, Exceptional Children 31.5 (1965), p. 225-232 : Yamashita était sans doute un autiste savant. [↩]
- Je propose un bref commentaire sur cette image sur mon autre carnet de chercheur: « Un regard japonais sur un tableau du japonisme ». Publié sur Acrobates japonais en France le 26/07/2022. Lien : https://acrobates.hypotheses.org/3957. [↩]
- Maki Kaneko, Mirroring the Japanese Empire : the male figure in yōga painting, 1930-1950 (Leyde, 2015), p. 135-140. [↩]
- Pour la comparaison, on peut penser aux passages du journal d’Anne Frank sur les menstruations et la sexualité que son père avait choisi de ne pas éditer. [↩]
- Voir son petit site internet officiel. A Kobe, lors d’une conférence, la société est représentée par un neveu de Kiyoshi : 山下浩氏 [↩]
Liens du mois (juin 2022)
- Humanités numériques 5 (2022) : Enseigner et apprendre les humanités numériques
- Y. Martinez, Deux affaires criminelles au tournant du XVIIIe siècle : un maître à danser assassin et un danseur assassiné…, EnDansant (= Carnet Hypothèses) (15 juin 2022)
- Aude Volpillhac, Réédition d’un texte oublié du XVIIe siècle: L’Histoire de deux caméléons (1688) de Mademoiselle de Scudéry, IMPRESSIONS, Carnet de bibliothèque (= Carnet Hypothèses) (16 juin 2022)
- D. Rykner, Un tableau de Michel Corneille pour le Musée du Grand Siècle, La Tribune de l’Art (28 juin 2022)
- D. Rykner, Acquisition mouvementée pour Carnavalet, La Tribune de l’Art (29 juin 2022) : peut-être un portrait de Jean de Gomont, administrateur de l’hôpital général de Paris, devant La Pitié, par Jacob van Loo
Liens du mois (mai 2022)
- Cyril Desjeux, « Au-delà des capacités. Réflexions autour de notes de terrain liées aux pratiques de vote en santé mentale », Alter [En ligne], | 2022, mis en ligne le 22 avril 2022
- I. Brancourt, Le Parlement, le Roi et le Pape : l’affaire de la régale ou la question du sacre, Parlement(s) de Paris et d’ailleurs (XIIIe-XVIIIe s.) (=Carnet Hypothèses) (28 avril 2022)
- Ara(bes)ques 105 (2022) : Humanités numériques. Une renaissance 3.0
- D. Rykner, Le Louis XIV à cheval de Coysevox acquis par Rennes grâce au mécénat, La tribune de l’Art (18 mai 2022)
- J. Daniel, Numérique et matérialité : l’étude d’un recueil de vues d’optique conservé à la BSB, Isidore & Ganesh (=Carnet Hypothèses)
- I. Degrange, Vie et mort de Vatel, Le Blog Gallica (27 mai 2022)
- C. Ruby, Hans Holbein et Pieter de Hooch : ce que la peinture donne à voir, nonfiction.fr (25 mai 2022) (un c.r. de, notamment, A. Scala, Pieter de Hooch. Un peintre à l’infinitif, 2022, L’Atelier contemporain, 160 pages)
- Jean-François Laé, Une enquête renversante, En attendant Nadeau (25 mai 2022) (c.r. de Vincent Crapanzano, Tuhami. Portrait d’un Marocain. Trad. de l’anglais (États-Unis) par Dominique Bairstow. Anacharsis, 288 p.)
- Terrain 76 (mars 2022): Folies ?
David Joris, un nouvel “ancêtre de l’art brut” ?
Alors que je baguenaudais sur internet, mon attention a été attirée par une vente prochaine chez Christie’s: un dessin similaire à ceux de Focus en certains aspects. Si son style est très différent, et s’il est fait usage d’encre rouge, ce qui n’apparaît jamais chez Focus, son format (42 x 28,7 cm), la technique employée (plume et encre brune)1, sa mise en page avec une curieuse action à l’avant-plan, une architecture et un paysage imaginaires2, un ciel ennuagé peuvent, me semble-t-il, être rapprochés des dessins du peintre qui nous occupe dans ce carnet.
Continuer la lecture de « David Joris, un nouvel “ancêtre de l’art brut” ? »Vidéo du jour: Zéphyr et Flore, l’Abondance
Merci l’Angola !
Vidéo repérée grâce à sa mention dans l’article d’A. Lafore, Chefs-d’œuvre retrouvés, La Tribune de l’Art (5 mai 2022).
Liens du mois (avril 2022)
- Maryse Emel, c.r. de Gilles Ménage, Histoire des femmes philosophes (2021), nonfiction.fr (1er avril 2022)
- Paul Bertrand, Ceux qui coulent, ceux qui tombent. Autour de l’esthétique des histoires, Entre-temps (5 avril 2022) (lecture croisée du livre de Marie Cosnay « Des îles (Lesbos 2020 – Canaries 2021) » et de celui de Jérémie Foa « Tous ceux qui tombent »)
- R. Tinguely, « The Snake Pit » (1948). Réception suisse d’un film jugé « dangereux », Cinéma et psychiatrie en Suisse et en Europe (= Carnet Hypothèses) (123 avril 2022)
- Bénédicte Bonnet Saint-Georges, Une terre cuite de Jacques Sarazin préemptée par le Louvre, La Tribune de l’Art (14 avril 2022)
- D. Rykner, Le portrait de Catherine Duchemin acquis par Versailles, La Tribune de l’Art (12 avril 2022)
Liens du mois (mars 2022)
- D. Rykner, Le Théâtre de Troie. Antoine Coypel, d’Homère à Virgile, La Tribune de l’Art (28 février 2022)
- Le musée Fabre, La Galerie d’Énée. Histoire d’un décor disparu
- B. Bonnet Saint-Georges, Vaux-le-Vicomte : restauration du Grand Salon, La Tribune de l’Art (2 mars 2022)
- Yasushi Miyazaki, c.r. de D.J. Frost, More Than Medals: A History of the Paralympics and Disability Sports in Postwar Japan, H-Disability, H-Net Reviews (Mars 2022). URL: https://www.h-net.org/reviews/showrev.php?id=57427
- Caroline Blanc Feracci, Marthe Vertongen, Qu’est-ce qu’un projet d’édition critique numérique ?, DLIS (= Carnet Hypothèses) (1er mars 2022)
- Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne, René Héroult (1913-?) (un dessinateur industriel atteint de troubles psychiatriques; “Les œuvres de René Héroult ont été, dès leur réception au milieu du XXe siècle, considérées comme des œuvres à part, n’intéressant pas les psychiatres de l’époque comme objet d’étude étant donné leur technique aboutie”)
- Chiara Thumiger, c.r. de Julien Devinant, Les troubles psychiques selon Galien: étude d’un système de pensée (Paris, 2020), BMCR 2022.03.14
- Martin Paul Eve, The Digital Humanities and Literary Studies (janvier 2022). DOI:10.1093/oso/9780198850489.001.0001
- M. Molinier, Ma thèse sur l’inclusion dans les musées résumée en facile à lire et à comprendre, Com’en histoire (= Carnet Hypothèses) (9 mars 2022)
- Chip Colwell, How to Promote Research on Social Media, Sapiens (17 mars 2022)
- D. Rykner, Les Mays de Notre-Dame de Paris 1630-1707, La Tribune de l’Art (23 mars 2022) (c.r. de l’ouvrage de Delphine Bastet)
- Florence Halder, La folie en tête : être « fou » ou « possédé » en Inde du Nord, Carnets de Terrain (= Carnet Hypothèses) (22 mars 2022)
- Gina Aït Mehdi, « Vivre au péril de l’abandon : le quotidien d’Adama, atteint de troubles mentaux chroniques à Niamey », Anthropologie & Santé [En ligne], Articles en pré-publication, mis en ligne le 15 mars 2022, consulté le 30 mars 2022.
Cinq statues sur un balcon: 4. Charité

La quatrième statue de notre dessin est également un groupe statuaire: une femme voilée se tient droite et tient un enfant des deux mains; un petit animal est couché à ses pieds. Les éditeurs du Catalogue y ont raisonnablement vu une Vierge à l’enfant, mais plusieurs détails me poussent à proposer une autre identification: la position presque horizontale de l’enfant, qui n’est pas des plus communes avec Marie, ses lèvres légèrement entrouvertes, presque quémandeuses, et le téton gauche de la femme, bien visible.
Je suggère donc que la statue est une représentation allégorique de la Charité, ou Charitas, qui consiste en une femme allaitant un ou plusieurs enfants.
Continuer la lecture de « Cinq statues sur un balcon: 4. Charité »Cinq statues sur un balcon. 3. Cupidon ou Adonis avec Vénus ?

La troisième statue du dessin 31 est en fait un groupe statuaire de trois figures: une Vénus de Médicis, un dauphin et un jeune homme. La Vénus de Médicis est une des statues grecques les plus connues et les plus recopiées partout en Europe depuis le 17e siècle. Focus pourrait avoir contemplé la statue originale à Rome lors de son séjour, puisqu’elle ne part pour Florence qu’en 1677, ou il a en mémoire une copie ou une étude, car cette statue devient vite un élément du canon esthétique européen. Dans le cadre de mon intérêt sur le lien entre Georges Focus et la naissance du genre de la bande dessinée, je ne résiste pas à reproduire cette gravure de Hogarth, centrée sur la statue de Vénus.
Continuer la lecture de « Cinq statues sur un balcon. 3. Cupidon ou Adonis avec Vénus ? »Cinq statues sur un balcon. 2. Religion et un oiseau moqueur
Voici un détail du dessin Cat. 31 de Focus montrant la statue que nous allons étudier aujourd’hui, après notre examen de la statue du Temps:

Liens du mois (février 2022)
- Bénédicte Bonnet Saint-Georges, Gustave Moreau. Les Fables de La Fontaine, La Tribune de l’art (31 janvier 2022) (compte-rendu de l’exposition au Musée Gustave Moreau, Paris, du 27 octobre 2021 au 28 février 2022)
- Dominique Goy-Blanquet, Molière déshabillé, En attendant Nadeau (2 février 2022)
- Isabelle Calleja-Roque, Comment l’école a façonné notre image de Molière, The Conversation (1er février 2022)
- M. Emel, Mazarin ou l’art de simuler, nonfiction.fr (8 février 2022) (c.r. de Jules Mazarin, Bréviaire des politiciens, Arléa, 2022)